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jeudi 29 décembre 2016



 Peur enfantine, lourd pressentiment

 

 

Haïku : Une maison au fond des bois

Le Tictac de toute une vie  ….





Je ne saurais dire où se trouve ce lieu, ni combien nous étions ce jour-là, mais il est des instants qui se gravent dans une mémoire d’enfant.
Nous avions traversé une forêt, et, arrivés à la lisière du bois, un homme est venu à notre rencontre. Appuyé sur un bâton, courbé par le poids des travaux de la terre, il présentait le visage de ceux qui vivent au grand air, ce rouge écarlate si caractéristique. Ses yeux laissaient échapper des larmes qu’il essuyait discrètement du revers de la manche.  Était-ce le froid vif de cette fin d’automne ou une peine cachée qui ne demandait qu’à jaillir ? J’ai vu les grands parler doucement avec des mots que je ne pouvais comprendre et il nous a invités à le suivre. Après avoir emprunté un chemin de terre nous sommes arrivés devant une porte qui s’est mise à grincer lorsqu’il l’a poussée. Nous avons pénétré à l’intérieur d’une grande pièce où brûlait un feu de bois.  La danse des flammes sur les murs blanchis à la chaux animait toute la pièce. Une odeur de résine flottait dans l’air. De minuscules fenêtres donnaient sur l’extérieur. J’entends, aujourd’hui encore le tictac de la grande horloge. Fascinée par ce meuble étrange je regardais le balancier qui scandait les minutes et les secondes….



Quelle ne fut pas ma surprise, de voir, en me tournant un peu, un lit couvert d’un gros édredon, dans lequel reposait une dame très âgée.

Elle semblait avoir du mal à respirer et ses mains jointes et très ridées étaient croisées sur un chapelet. Une coiffe laissait échapper quelques rares cheveux fins et blancs comme neige.  Sa bouche murmurait des paroles pour elle seule et je me demandais quel mystère elle pouvait se raconter. Au fond de ce décor, la pendule rythmait inlassablement cette fin d’après-midi. Un cercle bienveillant s’était formé autour du lit. Je les observais, ne sachant comment me tenir car ils baissaient tous la tête, comme en prière.  Le tictac se poursuivait comme un Mantra et remplissait toute la pièce … Je suppliais intérieurement ma mère de partir, en proie à une terreur sourde qui montait alors en moi.  C’est alors qu’une dame est arrivée avec une valise et nous a demandé de sortir. Nous avons pris congé et fait le chemin retour …



Quelques jours plus tard lorsque mon grand-oncle est venu chez ma marraine tout vêtu de noir elle lui dit : ça y est » ? et, comme si elle venait de recevoir un coup en pleine poitrine je l’ai entendu dire « Mon Dieu » ! Une vie qui s’évapore dans le tictac monotone et incisif d’une pendule, ça laisse des souvenirs impérissables ….  


     Mathilde Avril



Et, pour compléter ce texte j'aimerais vous faire entendre cette chanson du souvenir de notre Ami Shankar Prat










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