Peur enfantine, lourd pressentiment
Haïku : Une maison au fond des bois
Le Tictac de toute une vie ….

Nous avions traversé une
forêt, et, arrivés à la lisière du bois, un homme est venu à notre rencontre.
Appuyé sur un bâton, courbé par le poids des travaux de la terre, il présentait
le visage de ceux qui vivent au grand air, ce rouge écarlate si
caractéristique. Ses yeux laissaient échapper des larmes qu’il essuyait
discrètement du revers de la manche. Était-ce
le froid vif de cette fin d’automne ou une peine cachée qui ne demandait qu’à
jaillir ? J’ai vu les grands parler doucement avec des mots que je ne
pouvais comprendre et il nous a invités à le suivre. Après avoir emprunté un
chemin de terre nous sommes arrivés devant une porte qui s’est mise à grincer
lorsqu’il l’a poussée. Nous avons pénétré à l’intérieur d’une grande pièce où
brûlait un feu de bois. La danse des flammes
sur les murs blanchis à la chaux animait toute la pièce. Une odeur de résine
flottait dans l’air. De minuscules fenêtres donnaient sur l’extérieur.
J’entends, aujourd’hui encore le tictac de la grande horloge. Fascinée par ce
meuble étrange je regardais le balancier qui scandait les minutes et les secondes….

Elle semblait avoir du mal à respirer
et ses mains jointes et très ridées étaient croisées sur un chapelet. Une
coiffe laissait échapper quelques rares cheveux fins et blancs comme neige. Sa bouche murmurait des paroles pour elle
seule et je me demandais quel mystère elle pouvait se raconter. Au fond de ce
décor, la pendule rythmait inlassablement cette fin d’après-midi. Un cercle
bienveillant s’était formé autour du lit. Je les observais, ne sachant comment
me tenir car ils baissaient tous la tête, comme en prière. Le tictac se poursuivait comme un Mantra et
remplissait toute la pièce … Je suppliais intérieurement ma mère de partir, en
proie à une terreur sourde qui montait alors en moi. C’est alors qu’une dame est arrivée avec une
valise et nous a demandé de sortir. Nous avons pris congé et fait le chemin
retour …
Quelques jours plus tard lorsque
mon grand-oncle est venu chez ma marraine tout vêtu de noir elle lui dit :
ça y est » ? et, comme si elle venait de recevoir un coup en pleine
poitrine je l’ai entendu dire « Mon Dieu » !
Une vie qui s’évapore dans
le tictac monotone et incisif d’une pendule, ça laisse des souvenirs
impérissables ….
Mathilde Avril
Et, pour compléter ce texte j'aimerais vous faire entendre cette chanson du souvenir de notre Ami Shankar Prat